CHANTEUSES SACREES: (suite)
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Sitôt le Nouvel Empire s'annonçant, et jusqu'au terme du paganisme, le culte d'AMON thébain fit appel aux dames de haute extraction. Constituant, le moment venu, le " harem " du
dieu, ces auxiliaires féminins du clergé étaient distingués au moyen de quatre expressions principales:
A ] LES CHANTEUSES
- " Shemâyt " : terme apparaissant dès la XVIIIe dynastie.
- " Hezyt " : chanteuses musiciennes attestées vers le milieu de la XVIIIe dynastie.
B ] LES JOUEUSES DE SISTRE
- " Sekhemyt : connues en petit nombre.
- " Ihyt " : joueuses de sistre apparaissant à l'époque libyenne et qui deviendront les plus répandues durant la Basse Epoque.
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N.B.
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Depuis le début jusqu'à la fin, toutes ces catégories de musiciennes thébaines ne furent jamais des vierges consacrées à vie.
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En Thébaïde, la plupart des dames de haute ou de moyenne condition se parent d'une titulature semblable à celle des nobles, connues dans le même temps en qualité d'épouse ou en
tant que mère de quelque grand ou petit dignitaire. De ce fait, les " Chanteuses de l'Intérieur d'AMON " (" hezyt net khenou en Imen ") se démarqueront en qualité de prêtresses d'une catégorie particulière. En outre, l'institution de ces chanteuses a coexisté à l'époque où, de façon certaine, les " Divines épouses d'AMON " étaient des vierges consacrées. La plus ancienne attestation datée remonte au règne de TAKELOT II, donc à l'époque de Karomama (milieu de l'ère libyenne) et la plus récente date de la fin du règne d'AMASIS, dernier roi de la XXVIe dynastie.
Les " Chanteuses de l'Intérieur... " disparaissent donc au moment où la conquête perse met fin à la dynastie royale des " Divines Epouses... "
D'un point de vue géographique, apparaît un lien entre deux catégories, " Chanteuses de l'Intérieur... " et " Adoratrices... ". La grande majorité des documents étudiés a pour origine
la Thébaïde, et les sites mêmes où des " Chanteuses de l'Intérieur... " ont laissé des monuments (chapelles et autres) sont ceux où les " Adoratrices... " ont bâti:
- en divers points de Karnak
- au nord du petit temple de Deir el-Medineh
- dans l'enceinte du Ramesseum où furent inhumées les " Divines Epouses... ":
- Mehytouskhet
- Kedmerout
- Karoâma
- Medinet Habou, où furent construits les monuments funéraires des " Divines Epouses... " éthiopiennes et saïtes.
Parmi les " Chanteuses de l'Intérieur... " (qui ne furent pas toutes inhumées au Ramesseum et à Medinet Habou), plusieurs l'ont été à Thèbes même, rejoignant les membres de leurs
familles dans les grandes sépultures collectives ou individuelles qu'on aménagea à cette époque autour de Deir el-Bahari. D'autres se firent enterrées en Abydos (non loin du temple d'OSIRIS), simultanément à certains membres du clergé thébain.
Des cercueils de " Chanteuses de l'Intérieur... " ont été exhumés en Moyenne-Egypte, à El-Hibeh, lieu de prédilection des grands-prêtres d'AMON, et à Illahoun, dans la principauté
d'Héracléopolis qui fut la plupart du temps d'obédience thébaine. |
N.B.
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Le mot " khenou " (intérieur), le plus clair du temps désigne la résidence personnelle d'un souverain.
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A la différence des " Simples chanteuses " qui, étant mariées demeuraient auprès de leur époux, et ne venaient au temple que pour les cérémonies, les "
Chanteuses de l'Intérieur... " mariées à AMON, étaient théoriquement domiciliées auprès de lui, au même titre que la " Divine Epouse... ", sans d'ailleurs être cloîtrées. Pour conclure, j'ajouterais que dans le cadre du recrutement des femmes consacrées au dieu AMON, et en vertu des sources, la fonction et le nom du père sont connus. Les " Chanteuses de l'Intérieur... " se recrutaient dans toutes les classes de la société. Certaines étaient des filles de prêtres subalternes, de scribes du temple d'AMON, de petits fonctionnaires royaux. En revanche, deux d'entre elles sans parler des " Grandes chanteuses de l'Intérieur... ", héritières présomptives de l'Adoratrice, furent des filles de Pharaon. De très hauts dignitaires de la principauté de Thèbes ont également donné une fille au dieu. |
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CHANTEUSES SACREES
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