(Extrait du catalogue de
l'exposition au Grand Palais: "L'art égyptien au temps des pyramides", Paris, juin 1999), exposition que j'ai particulièrement appréciée. |
SISTRE, INSTRUMENT DE MUSIQUE AU NOM
DU PHARAON TETI |
Ce bel objet se présente comme une élégante tige de papyrus couronnée par une ombelle épanouie où l'artiste a délicatement incisé le détail des folioles et le chevelu de la
plante. Elle supporte un petit édifice, chapelle ou " naos ", surmonté d'une corniche à gorge. Au sommet, un faucon est fièrement posé; aux pieds du rapace, un serpent cobra redresse sa gorge dilatée. Au raffinement de la facture répond la qualité du matériau, un albâtre translucide aux marbrures délicates. Il s'agit d'une oeuvre royale, comme en témoignent les inscriptions, qui nomment TETI, premier souverrain de la VIe dynastie. Sur la face conservée du naos, on peut lire trois des noms du pharaon, placés dans un cadre délimité par le signe du ciel soutenu par deux signes: de gauche à droite, son nom "des deux maîtresses", son nom d'HORUS et celui de fils de RE, TETI. Cette titulature est accompagnée de souhaits de vie et de force pour l'éternité. Sur la tige de papyrus court une longue inscription verticale: "Le roi de Haute et Basse Egypte, le fils de Rê TETI, aimé d'HATHOR maîtresse de Dendéra, puisse t-il vivre éternellement". |
Il ne s'agit pas d'un objet dé-
coratif, mais d'un instrument de musique spécifique à l'E- gypte pharaonique, connu des égyptologues sous le nom de "sistre à naos". C'est un des premiers exemplaires connus d'un type qui se perpétue jusqu'à l'époque romaine. Sortes de hochets musicaux, les sistres étaient agités en cadence, rythmant les cérémonies religieuses. Leur musique apaisante, évocatrice d'un rite ancien, celui de "secouer le papy- rus", écartait la violence des divinités dangereuses, en particulier celle d'HATHOR; selon les my- thes, la déesse pouvait se transformer en redoutable lionne. Elle apparaît ici dans l'inscription principale, sous l'aspect d'une jeune femme coiffée de deux cornes de vache sur lesquelles repose le disque du soleil. Le sistre tout entier peut être lu comme un rébus, rejoignant les textes tardifs qui considèrent l' instrument comme l'incar- nation de la déesse: la tige de papyrus se réfère au rite du même nom, le faucon et |
le petit édifice peuvent
être lus comme les hiéroglyphes composant le nom de la déesse, représentée ici sous la forme de cobra "oeil solaire". Et l'inscription place le roi TETI sous la protection d'HATHOR maîtresse de Dendéra, son grand centre religieux de Haute Egypte, dont le temple a été particulière- ment embelli par les sou- verrains de la VIe dynas- tie.
En dépit de son
matériau inusuel, ce sistre n'est pas un ex-voto. On peut voir, sur la tranche du naos, des trous qui permettaient le passage de tigettes de cuivre munies de sonnailles; elles ont aujourd'hui disparu, ainsi qu'une des parois qui formaient une caisse de résonance; mais leur présence initiale est attestée par des traces de vert-de-gris. |
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SUITE POUR LE SISTRE
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Instruments par époque
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Temple d'HATHOR de Denderah: 26°08'36.0'' N 32°40'13.4'' E
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