LA HARPE EGYPTIENNE DE L'ANCIEN EMPIRE
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Celle-ci est tenue verticalement ou presque, le musicien s'agenouillant (ou s'asseyant) pour en jouer à l'aise. Elle est typiquement "en arc", avec six ou huit cordes
(quelquefois plus) attachées à des crochets encastrés. Le type portatif, qu'on appuie sur un socle et qui sera en vogue surtout au Nouvel Empire, est l'exact correspondant de l'arc vertical.
Vers le tournant du IIIe millénaire, une importante modification se produit dans la harpe du "type B" (arc horizontal). La ligne de l'arc se brise à angle droit et finalement la
partie antérieure de l'arc forme un montant fixé angulairement dans la caisse de résonance, au lieu d'en former le prolongement. Ceci paraît être un progrès important, peut-être dû à la technique du plectre. Le même agencement fut transféré, peut-être à cause de la stabilité d'accord qu'il permettait, au "type A" (arc vertical), car nous voyons celui-ci devenir à la même époque une harpe verticale angulaire. Cependant, il garde la technique de pincement à la main des harpes en arc. Cette différence est à souligner: |
Les Egyptiens, au Nouvel Empire, accueillirent ce type (vertical angulaire) pincé à la main,
mais n'adoptèrent jamais la harpe angulaire horizontale, dont le jeu à plectre apparemment leur déplaisait. |
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Dans le "type angulaire", la caisse de résonance est la partie supérieure de l'instrument et s'appuie contre la poitrine du musicien; les cordes se trouvent à l'avant, la barre
de fixation, en bas, formant avec elles un angle de 90° (plus ou moins). Cette harpe supplante complètement en Mésopotamie la harpe en arc, à laquelle l'Egypte demeure fidèle. On utilisait également une harpe angulaire comportant 21 cordes et parfois davantage, avec support ou bien dite "d'épaule".
Le génie raffiné de la race égyptienne s'exerce sur l'antique "harpe arquée" et lui donne une grande variété de formes. La "classification" de HICKMANN, en "pelle",
en "louche", en "croissant", en "navire" (Bulletin de l'Institut d'Egypte), pour amusante qu'elle soit, n'est pas très scientifique. Il ne semble pas voir que tous ces types se ramènent à "l'arc vertical". Elle devient pour une courte période un charmant instrument d'intimité à quatre cordes, porté sur l'épaule; elle prend, peu après, les proportions majestueuses d'un instrument joué debout. Le nombre de ses cordes augmente et sa décoration s'enrichit à l'époque des RAMSES. Plus tard encore, elle redevient portative, en forme de "croissant" orné à sa base d'une importante tête de pharaon.
L'Egypte fournira même, à la XXVe dynastie, deux exemplaires d'un type "angulaire spécial" issu de la forme "arquée", la caisse de résonance gardant sa place à la
base de la harpe et la partie supérieure se cassant à angle droit pour former un support distinct. Cette transformation est comme le pendant inverse de la première modification subie en Babylonie, la caisse de résonance restant cette fois dans le bas de l'instrument. C'est la place qu'elle gardera dans la "harpe moderne". L'instrument ancien est joué généralement sans plectre, sauf dans un cas où un objet de forme bizarre, dans la main du musicien, pourrait être pris pour un plectre, ce que ne confirme pas la position du bras. La harpe est de très loin l'instrument favori de la pratique musicale égyptienne. Elle est constamment représentée et ses diverses formes attestent une recherche inlassable au cours des siècles. Fait remarquable, il s'agira toujours d'instruments pincés à la main: jamais la forme à plectre n'est attestée en Egypte. |
TOMBE TT 75 - THEBES: LA GRANDE HARPE NAVIFORME: (XVIIIe dynastie)
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Ce modèle-ci était doté de dix cordes d'après un bas-relief, et comportait quatorze taquets à l'extrémité du manche; ils étaient peints alternativement en rose foncé et en blanc, en
commençant par un taquet rose au sommet du manche. Cette disposition fut établie en fonction des désidérata des musiciens de changer rapidement l'accord des cordes en les déplacant d'un taquet à l'autre.
Harpiste (femme) jouant un intervalle de douzième (selon Hans HICKMANN).
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NOTE:
La tombe TT 75 est celle d'AMENHOTEP-SI-SE (second prêtre d'AMON sous THOUTMOSIS IV (XVIIIe dynastie). Elle se situe dans la nécropole de Sheikh Abd el-
Gournah [ 25°43'20.2'' N 32°36'10.1'' E ] |